Une menace sur les libertés individuelles
La loi contre toute forme de « conspiration », adoptée jeudi 15 juin par la Chambre basse du Japon, suscite des inquiétudes sur les intentions du gouvernement du premier ministre, Shinzo Abe. Le vote de ce texte, présenté comme un moyen de prévenir le terrorisme en criminalisant la préparation de tels actes, a été justifié par l’organisation des Jeux olympiques à Tokyo en 2020 et par la nécessité de ratifier la Convention des Nations unies de 2000 sur le crime organisé.
Mais cette adoption s’est faite au prix d’une manœuvre parlementaire, légale mais controversée, qui a permis au gouvernement d’éluder les questions de l’opposition sur les aspects les plus épineux du texte de loi.
Par ce vote, contesté jusque dans la rue – des centaines de manifestants s’étaient rassemblés devant le Parlement le jour du vote, le cabinet Abe évitait également d’avoir à prolonger la session parlementaire, achevée le 18 juin, et ainsi de s’exposer aux débats sur des affaires qui embarrassent le premier ministre : les soupçons de trafic d’influence dans les scandales des deux écoles privées Moritomo Gakuen et Kake Gakuen.
L’adjonction à la loi d’une liste de 227 crimes, parmi lesquels la course de hors-bord sans permis et le ramassage de champignons dans des forêts protégées, suscite également des questions.
Sur le fond, le ministère de la justice s’efforce de rassurer, soulignant que le nouveau texte « ne s’appliquera qu’à des organisations criminelles » et non « à des citoyens ordinaires ». « Quelles garanties avons-nous ? », s’interrogeait, dans un éditorial du 15 juin, le quotidien de centre gauche Asahi, traduisant une inquiétude perceptible dans une partie non négligeable de la population japonaise, qui, selon les sondages, regrette le manque d’explications sur le texte. L’adjonction à la loi d’une liste de 227 crimes suscite également des questions, leurs liens avec la menace terroriste n’étant…
Source: Le monde