Le ministre de la cybersécurité japonais avoue n’avoir jamais touché un ordinateur
Yoshitaka Sakurada, ne risque pas d’être victime d’une attaque informatique.
Interrogé à la Chambre basse, mercredi 14 novembre, le chef adjoint de l’unité de stratégie de sécurité informatique du gouvernement, équivalent d’un secrétaire d’Etat, a dû avouer : « Depuis que j’ai 25 ans (…), j’ai toujours donné des instructions à mes équipes et secrétaires. Je n’ai jamais utilisé un ordinateur de ma vie. »
Le député indépendant, Masato Imai, qui venait de poser une question sur ses compétences en la matière, en est resté étourdi et a commenté : « Je trouve incroyable que quelqu’un qui est responsable des mesures de cybersécurité n’ait jamais utilisé un ordinateur. »
Lorsqu’un autre député a voulu savoir quels étaient les mécanismes en place pour éviter les intrusions dans le réseau électrique et les systèmes des centrales nucléaires, et notamment si des clés USB étaient utilisées par les employés, il a semblé ne pas savoir de quoi il s’agissait et a déclaré : « Je ne connais pas les détails précis » et « pourquoi pas demander qu’un expert vous réponde, non ? ». Mais il a ajouté que la cybersécurité était importante pour le gouvernement nippon et que les politiques en la matière étaient établies par des experts de son administration.
Sur le gril
M. Sakurada, 68 ans, a été nommé au gouvernement le 2 octobre, à la faveur d’un remaniement, deux semaines après que le premier ministre, Shinzo Abe, ait été reconduit à la tête du Parti libéral démocrate (PLD) au pouvoir. Le 5 novembre, il avait déjà manifesté, cette fois devant la commission budgétaire de la Chambre haute, sa faible maîtrise des dossiers de l’autre portefeuille dont il a la charge, l’organisation des Jeux olympiques et paralympiques de Tokyo en 2020. Comme le note le quotidien Asahi, ses réponses « montraient un manque stupéfiant de compréhension des questions basiques concernant l’événement »et les échanges ont de nombreuses fois été interrompus par la nécessité de se tourner vers ses conseillers.
Lorsque la figure de l’opposition, Renho Murata, lui a demandé à quelle hauteur le gouvernement finançait les Jeux, le ministre des JO a répondu « 1 500 yens », à peine 12 euros, et non 150 milliards de yens (1,17 milliard d’euros). Le lendemain, lors d’une conférence, il a expliqué n’avoir pas su répondre parce que Renho, comme elle est communément nommée, n’avait pas soumis ses questions à l’avance – ce qu’elle a démenti.
Mais il s’est à nouveau trouvé sur le gril à cette occasion : un journaliste voulait savoir s’il était vrai que le gouvernement laisserait entrer sur le territoire japonais le ministre des sports nord-coréen pour une réunion d’organisation le 28 novembre, malgré l’interdiction d’accès imposée aux officiels du régime. « Je ne suis pas au courant du tout, je ne sais pas », a-t-il admis, avant qu’un adjoint ne lui souffle et qu’il réponde enfin : « J’en ai été informé par un collaborateur. »
Source: Le monde .fr